Par : Véronique Lareau
En 2017, c’est avec bonheur que je joins les rangs du Collège de Rosemont à titre de travailleuse sociale dédiée aux violences à caractère sexuel. Ce poste est aussi en lien avec l’implantation du plan d’action gouvernemental pour contrer et prévenir les violences sexuelles en enseignement supérieur. Un collègue à moi, à l’époque, me met au défi de créer une table de concertation pour mieux collaborer entre cégeps, entre universités. Je décide de prendre la balle au bond et lance l’idée, un peu informellement, lors d’un colloque interculturel organisé par ce même collègue. De cette initiative, un peu naïve, naîtra la Table intersectorielle sur les violences à caractère sexuel en milieu collégial (TIVCSC).
Lorsque je parle de naïveté, je fais essentiellement référence au fait que je ne croyais pas que cette initiative évoluerait autant et répondrait à autant de besoins (partage, créativité, analyse, etc.) au fil du temps.
J’ai voulu créer ce regroupement intersectoriel afin qu’il puisse permettre à tous les acteurs et actrices gravitant autour des enjeux touchant aux violences sexuelles (intervenant.e.s cégeps et universités, policiers, gouvernement, chercheur.e.s, gestionnaires, DPJ, organismes communautaires, survivant.e.s, etc.) d’échanger, de travailler dans la même direction.
Pour moi, regrouper ces personnes autour d’un même sujet est d’une richesse inestimable afin de faire avancer la problématique, afin de pouvoir la penser à plusieurs têtes, avec plusieurs expertises, afin de changer les choses, un pas à la fois. C’est aussi accepter de regarder le prisme sous toutes ses facettes, même si parfois, ce qu’on y voit nous rebute, nous décourage. Car ne nous méprenons pas, il s’agit d’un mouvement social qui brasse clairement des structures parfois très solides mises en place et les membres de la TIVCSC ont tous et toutes un objectif commun : faire changer la culture.
Je garderai toujours en tête cette image d’une formation sur les violences sexuelles d’une collègue qui nous montrait la photo d’un iceberg : il y avait la partie visible et la partie invisible. Si nous visons le changement de culture, il faut travailler sur l’invisible, tenter du moins de l’approcher, de le toucher, ensemble et non individuellement, on parle alors des causes profondes, de ce qu’on appelle : la culture du viol.
Ces dernières années, de nombreuses initiatives ont été mises de l’avant, en enseignement supérieur et socialement pour combattre les violences à caractère sexuel. Je pense que cette concertation peut rejaillir et donner une bouffée d’air aussi aux survivant·e·s car elles/ils peuvent constater régulièrement que ce type de violence est de moins en moins passé sous silence.
Je tiens à saluer aujourd’hui, en terminant, le travail de ces personnes de cœur, provenant de tous les horizons et qui s’allient autour d’une problématique qu’il faut combattre, qu’il faut déjouer afin que prime une culture de consentement, de respect et d’égalité.
La Table intersectorielle sur les violences à caractère sexuel compte aujourd’hui plus de 230 membres et un comité de coordination investi, le tout en lien constant avec la Fédération des Cégeps.